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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

longera l’agonie de l’Italie. Bonaparte n’a pas eu le temps de faire revivre cette vertu dans la patrie de Marius et de César. Les habitudes d’une vie oisive et le charme du climat contribuent encore à ôter aux Italiens du midi le désir de s’agiter pour être mieux. Les antipathies nées des divisions territoriales ajoutent aux difficultés d’un mouvement intérieur ; mais si quelque impulsion venait du dehors, ou si quelque prince en deçà des Alpes accordait une charte à ses sujets, une révolution aurait lieu, parce que tout est mûr pour cette révolution. Plus heureux que nous et instruits par notre expérience, les peuples économiseraient les crimes et les malheurs dont nous avons été prodigues.

« Je vais sans doute, monsieur le comte, recevoir bientôt le congé que je vous ai demandé : peut-être en ferai-je usage. Au moment donc de quitter l’Italie, j’ai cru devoir mettre sous vos yeux quelques aperçus généraux, pour fixer les idées du conseil du roi et afin de le tenir en garde contre les rapports des esprits bornés ou des passions aveugles.

« J’ai l’honneur, etc., etc. »

DÉPÊCHE À M. LE COMTE PORTALIS.
« Rome, ce 16 avril 1829.
« Monsieur le comte,

« MM. les cardinaux français sont fort empressés de connaître quelle somme leur sera accordée pour leurs dépenses et leur séjour à Rome : ils m’ont prié plusieurs fois de vous écrire à ce sujet ; je