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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

nonçaient la fin d’une puissance qui civilisa le monde moderne. Les chefs-d’œuvre des arts disparaissaient avec elle, s’effaçaient sur les murs et sur les voûtes du Vatican, palais à demi abandonné. De curieux étrangers, séparés de l’unité de l’Église, assistaient en passant à la cérémonie et remplaçaient la communauté des fidèles. Une double tristesse s’emparait du cœur. Rome chrétienne, en commémorant l’agonie de Jésus-Christ, avait l’air de célébrer la sienne, de redire pour la nouvelle Jérusalem les paroles que Jérémie adressait à l’ancienne. C’est une belle chose que Rome pour tout oublier, mépriser tout et mourir. »

DÉPÊCHE À M. LE COMTE PORTALIS.
« Rome, ce 16 avril 1829.
« Monsieur le comte,

« Les choses se développent ici comme j’avais eu l’honneur de vous le faire pressentir ; les paroles et les actions du nouveau souverain pontife sont parfaitement d’accord avec le système pacificateur suivi par Léon XII : Pie VIII va même plus loin que son prédécesseur ; il s’exprime avec plus de franchise sur la Charte, dont il ne craint pas de prononcer le mot et de conseiller aux Français de suivre l’esprit. Le nonce, ayant encore écrit sur nos affaires, a reçu sèchement l’ordre de se mêler des siennes. Tout se conclut pour le concordat des Pays-Bas, et M. le comte de Celles mettra fin à sa mission le mois prochain.