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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

la conclusion, s’est déterminé à nommer le cardinal Albani secrétaire d’État, afin de satisfaire aussi le cabinet de Vienne. » Le souverain pontife partage les lots entre les deux couronnes ; il se déclare le pape de la France et donne à l’Autriche la secrétairerie d’État.

À MADAME RÉCAMIER.
« Rome, mercredi 8 avril 1829.

« J’ai donné aujourd’hui même à dîner à tout le conclave. Demain je reçois la grande-duchesse Hélène. Le mardi de Pâques, j’ai un bal pour la clôture de la session ; et puis je me prépare à aller vous voir ; jugez de mon anxiété : au moment où je vous écris, je n’ai point encore de nouvelles de mon courrier à cheval annonçant la mort du pape, et pourtant le pape est déjà couronné ; Léon XII est oublié ; j’ai repris les affaires avec le nouveau secrétaire d’État Albani ; tout marche comme s’il n’était rien arrivé, et j’ignore si vous savez même à Paris qu’il y a un nouveau pontife ! Que cette cérémonie de la bénédiction papale est belle ! La Sabine à l’horizon, puis la campagne déserte de Rome, puis Rome elle-même, puis la place Saint-Pierre et tout le peuple tombant à genoux sous la main d’un vieillard : le pape est le seul prince qui bénisse ses sujets.

« J’en étais là de ma lettre lorsqu’un courrier qui m’arrive de Gênes m’apporte une dépêche télégraphique de Paris à Toulon, laquelle dépêche, qui répond à celle que j’avais fait passer, m’apprend