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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

tr’ouvert un moment pour l’époque actuelle. Le roi verra, par les documents que je vous transmets, ce qu’on n’a jamais vu, l’intérieur d’un conclave ; les sentiments les plus intimes de la cour de Rome lui seront connus, et les ministres de Sa Majesté ne marcheront pas dans l’ombre.

« Le commentaire que j’ai fait du journal me dispensant de toute autre réflexion, il ne me reste plus qu’à vous offrir la nouvelle assurance de la haute considération avec laquelle j’ai l’honneur, etc., etc. »

L’original italien du document précieux annoncé dans cette dépêche confidentielle a été brûlé à Rome sous mes yeux ; je n’ai point gardé copie de la traduction de ce document que j’ai envoyée aux affaires étrangères ; j’ai seulement une copie du commentaire ou des remarques jointes par moi à cette traduction[1]. Mais la même discrétion qui m’a fait recommander au ministre de garder la pièce à jamais secrète m’oblige de supprimer ici mes propres remarques ; car, quelle que soit l’obscurité dont ces remarques sont enveloppées, par l’absence du document auquel elles se rapportent, cette obscurité serait encore de la lumière à Rome. Or, les ressentiments sont longs dans la ville éternelle ; il se pourrait faire que, dans cinquante ans d’ici, ils allassent frapper quelque arrière-neveu des auteurs de la mystérieuse confidence. Je me contenterai donc de donner un aperçu général du contenu du commentaire, en insistant sur quelques passages qui ont un rapport direct avec les affaires de France.

On voit premièrement combien la cour de Naples

  1. Voir l’Appendice no III : le Journal du Conclave.