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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

faveur de mes deux secrétaires de légation, M. Bellocq et M. de Givré[1], les grâces que je vous ai demandées pour eux.

« Les intrigues du cardinal Albani dans le conclave, les partisans qu’il s’était acquis, même dans la majorité, m’avaient fait craindre quelque coup imprévu pour le porter au souverain pontificat. Il me paraissait impossible de se laisser ainsi surprendre et de permettre au chargé d’affaires de l’Autriche de ceindre la tiare sous les yeux de l’ambassadeur de France ; je profitai donc de l’arrivée de M. le cardinal de Clermont-Tonnerre pour le charger à tout événement de la lettre ci-jointe dont je prenais les dispositions sous ma responsabilité. Heureusement il n’a point été dans le cas de faire usage de cette lettre ; il me l’a rendue et j’ai l’honneur de vous l’envoyer.

« J’ai l’honneur, etc., etc. »

  1. M. Bellocq était premier secrétaire de l’ambassade. Le second secrétaire, M. Desmousseaux de Givré, né le 1er janvier 1794, était entré de bonne heure dans la carrière diplomatique. Il avait été attaché à l’ambassade de Londres, sous Chateaubriand, en 1822. L’année suivante, il avait été envoyé à Rome. Il donna sa démission à l’avènement du ministère Polignac et rentra, après 1830, dans la diplomatie. Député d’Eure-et-Loir de 1837 à 1848, il défendit, non sans talent, la politique conservatrice et fut l’un des principaux soutiens du ministère de M. Guizot, jusqu’au jour où, se séparant de son chef, dans un discours prononcé le 27 avril 1847, il montra les ministres répondant sur toutes les questions ; « Rien, rien, rien ! » Aussitôt répercutés, grossis par les journaux opposants, ces mots : Rien, rien, rien ! eurent un retentissement énorme, et ils ne laissèrent pas d’être pour quelque chose dans la révolution du 24 février. Après avoir siégé à l’Assemblée législative de 1849 à 1851, M. Desmousseaux de Givré rentra dans la vie privée.