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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

DÉPÊCHE À M. LE COMTE PORTALIS.
« Dimanche[1], ce 15 mars 1829.
« Monsieur le comte,

« J’ai eu l’honneur de vous instruire de l’arrivée successive de MM. les cardinaux français. Trois d’entre eux, MM. de Latil, de la Fare[2] et de Croy[3], m’ont fait l’honneur de descendre chez moi. Le pre-

  1. Les précédentes éditions portent à tort : Jeudi, ce 15 mars ; — ce qui est en contradiction avec le calendrier, et aussi avec les deux dates données par Chateaubriand quelques lignes plus loin, et qui, celles-là, sont exactes : jeudi soir 12, et vendredi soir 13.
  2. Anne-Louis-Henri duc de la Fare (1752-1829, petit-neveu du cardinal de Bernis. Il était depuis deux ans évêque de Nancy, lorsqu’il fut élu, par le bailliage de cette ville, député de son ordre aux États-Généraux. Ce fut lui qui, le 4 mai 1789, à l’issue de la messe qui eut lieu dans l’église Saint-Louis, à Versailles, pour l’ouverture des États, prononça le discours d’usage. Son attitude hostile aux idées de la Révolution l’obligea bientôt à quitter la France ; il se réfugia d’abord à Trèves, puis en Autriche, devint l’un des principaux agents de Louis XVIII et ne rentra qu’avec lui, en 1814. En 1816, il fut adjoint à l’archevêque de Reims, M. de Talleyrand-Périgord, pour l’administration des affaires ecclésiastiques. Archevêque de Sens en 1817, il reçut en 1822 le litre de pair de France, et en 1823 la dignité de cardinal. Il assista aux deux conclaves où furent élus Léon XII et Pie VIII et mourut à Paris le 10 décembre 1829.
  3. Gustave-Maximilien-Juste, prince de Croy (1773-1844). Il était en 1789 chanoine du grand chapitre de Strasbourg. La Révolution le força de se réfugier à Vienne, où il séjourna jusqu’en 1817, époque à laquelle il fut nommé évêque de Strasbourg. À la mort du cardinal de Périgord (1821), il devint grand-aumônier de France. Revêtu de la pourpre romaine en 1822, il fut, en 1824, transféré de l’évêché de Strasbourg à l’archevêché de Rouen. Après la révolution de 1830, le prince de Croy resta fidèle à ses opinions légitimistes ; il fut cependant obligé d’assister, en 1840, au baptême du comte de Paris, mais se retira aussitôt après la cérémonie.