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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

À MADAME RÉCAMIER.
« Rome, le 3 mars 1829.

« Vous me surprenez sur l’histoire de ma fouille ; je ne me souvenais pas de vous avoir écrit rien de si bien à ce propos. Je suis, comme vous le pensez, fortement occupé : laissé sans direction et sans instructions, je suis obligé de prendre tout sur moi. Je crois cependant que je puis vous promettre un pape modéré et éclairé. Dieu veuille seulement qu’il soit fait à l’expiration de l’interim du ministère de M. Portalis. »

« 4 mars.

« Hier, mercredi des Cendres, j’étais à genoux seul dans cette église de Santa Croce, appuyée sur les murailles de Rome, près de la porte de Naples. J’entendais le chant monotone et lugubre des religieux dans l’intérieur de cette solitude : j’aurais voulu être aussi sous un froc, chantant parmi ces débris. Quel lieu pour mettre en paix l’ambition et contempler les vanités de la terre ! Je ne vous parle pas de ma santé, parce que cela est extrêmement ennuyeux. Tandis que je souffre, on me dit que M. de la Ferronnays se guérit ; il fait des courses à cheval, et sa convalescence passe dans le pays pour un miracle : Dieu veuille qu’il en soit ainsi, et qu’il reprenne le portefeuille au bout de l’intérim : que de questions cela trancherait, pour moi ! »