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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Je rendrai à MM. les cardinaux tous les services qui dépendront de moi. S’ils m’interrogent sur des choses qu’il sera bon de connaître, je leur dirai ce que je sais ; si vous me transmettez pour eux les ordres du roi, je leur en ferai part ; mais s’ils arrivaient ici dans un esprit hostile aux vues du gouvernement de Sa Majesté, si l’on s’apercevait qu’ils ne marchent pas d’accord avec l’ambassadeur du roi, s’ils tenaient un langage contraire au mien, s’ils allaient jusqu’à donner leurs voix dans le conclave à quelque homme exagéré, s’ils étaient même divisés entre eux, rien ne serait plus funeste. Mieux vaudrait pour le service du roi que je donnasse à l’instant ma démission que d’offrir ce spectacle public de nos discordes. L’Autriche et l’Espagne ont, par rapport à leur clergé, une conduite qui ne laisse rien à l’intrigue. Tout prêtre, tout cardinal ou évêque autrichien ou espagnol ne peut avoir pour agent et pour correspondant à Rome que l’ambassadeur même de sa cour ; celui-ci a le droit d’écarter à l’instant de Rome tout ecclésiastique de sa nation qui lui ferait obstacle.

« J’espère, monsieur le comte, qu’aucune division n’aura lieu, que MM. les cardinaux auront l’ordre formel de se soumettre aux instructions que je ne tarderai pas à recevoir de vous ; que je saurai celui d’entre eux qui sera chargé d’exercer l’exclusion, en cas de besoin, et quelles têtes cette exclusion doit frapper.

« Il est bien nécessaire de se tenir en garde ; les derniers scrutins ont annoncé le réveil d’un parti. Ce parti, qui a donné de vingt à vingt et une voix