Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t5.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.
153
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

souverain pontife : ce pape, sans famille, sans amis, dont le cadavre est délaissé sur sa couche, montre que l’homme était compté pour rien dans le chef du monde évangélique. Comme prince temporel, on rend des honneurs au pape expiré ; comme homme, son corps abandonné est jeté à la porte de l’église, où jadis le pécheur faisait pénitence.

DÉPÊCHES À M. LE COMTE PORTALIS.
« Rome, 17 février 1829.
« Monsieur le comte

« J’ignore s’il plaira au roi d’envoyer un ambassadeur extraordinaire à Rome ou s’il lui conviendra de m’accréditer auprès du Sacré Collège. Dans ce dernier cas, j’aurai l’honneur de vous faire observer que j’allouai à M. le duc de Laval, pour frais de service extraordinaire en pareille circonstance, en 1823, une somme qui s’élevait, autant que je m’en puis souvenir, de 40 à 50,000 francs. L’ambassadeur d’Autriche, M. le comte d’Appony, reçut d’abord de sa cour une somme de 36,000 francs pour les premiers besoins, un supplément de 7,200 francs par mois à son traitement ordinaire pendant la durée du conclave, et pour frais de cadeaux, chancellerie, etc., 10,000 francs. Je n’ai point, monsieur le comte, la prétention de lutter de magnificence avec M. l’ambassadeur d’Autriche, comme le fit M. le duc de Laval ; je ne louerai ni chevaux, ni voitures, ni livrées pour éblouir la populace de