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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

cardinal camerlingue. L’usage est que les ambassadeurs aillent complimenter, dans un discours, la congrégation des cardinaux réunis avant l’ouverture du conclave à Saint-Pierre.

Le corps de Sa Sainteté, exposé d’abord dans la chapelle Sixtine, fut porté vendredi dernier, 13 février, dans la chapelle du Saint-Sacrement à Saint-Pierre ; il y est resté jusqu’au dimanche 15. Alors il a été placé dans le monument qu’occupaient les cendres de Pie VII, et celles-ci ont été descendues dans l’église souterraine.

À MADAME RÉCAMIER.
« Rome, 17 février 1829.

« J’ai vu Léon XII exposé, le visage découvert, sur un chétif lit de parade, au milieu des chefs-d’œuvre de Michel-Ange[1] : j’ai assisté à la première cérémonie funèbre dans l’église de Saint-Pierre. Quelques vieux cardinaux commissaires, ne pouvant plus voir, s’assurèrent de leurs doigts tremblants que le cercueil du pape était bien cloué. À la lumière des flambeaux, mêlée à la clarté de la lune, le cercueil fut enfin enlevé par une poulie et suspendu dans les ombres pour être déposé dans le sarcophage de Pie VII[2].

  1. Voir, à l’Appendice, le no 1 : La Mort de Léon XII.
  2. Voici le vrai texte de cette lettre du 17 février, que Chateaubriand a ici quelque peu modifié : « J’ai assisté à la première cérémonie funèbre pour le pape dans l’église de Saint-Pierre. C’était un étrange mélange d’indécence et de grandeur. Des coups de marteau qui clouaient le cercueil d’un pape, quelques chants interrompus, le mélange de la lumière des flambeaux