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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

nouvelle ; il faut complimenter le Sacré Collège, assister aux funérailles du saint-père, auquel je m’étais attaché parce qu’on l’aimait peu, et d’autant plus qu’ayant craint de trouver en lui un ennemi, j’ai trouvé un ami qui, du haut de la chaire de Saint-Pierre, a donné un démenti formel à mes calomniateurs chrétiens. Puis vont me tomber sur la tête les cardinaux de France. J’ai écrit pour faire des représentations au moins sur l’archevêque de Toulouse[1].

« Au milieu de tous ces tracas, le monument du Poussin s’exécute ; la fouille réussit ; j’ai trouvé trois belles têtes, un torse de femme drapé, une inscription funèbre d’un frère pour une jeune sœur, ce qui m’a attendri.

« À propos d’inscription, je vous ai dit que le pauvre pape avait fait la sienne la veille du jour où il est tombé malade, prédisant qu’il allait bientôt mourir ; il a laissé un écrit où il recommande sa famille indigente au gouvernement romain : il n’y a que ceux qui ont beaucoup aimé qui aient de pareilles vertus. »


  1. Le cardinal de Clermont-Tonnerre. Il en a déjà été parlé au tome II des Mémoires. (Voy. la note 1 de la page 336.) [note 52 du Livre II de la Deuxième Partie] En 1829, l’archevêque de Toulouse était en assez mauvais termes avec le gouvernement du roi. Lors de l’ordonnance royale du 16 juin 1828 sur les petits séminaires, il avait protesté avec éclat, terminant par ces paroles sa lettre au ministre des Affaires ecclésiastiques, monseigneur Feutrier : « Monseigneur, la devise de ma famille qui lui a été donnée par Calixte II, en 1120, est celle-ci : Etiamsi omnes, ego non. C’est aussi celle de ma conscience. J’ai l’honneur d’être, avec la respectueuse considération due au ministre du roi, † A. J. cardinal-archevêque de Toulouse. » À la suite de cette lettre, le roi fit notifier au prélat défense de paraître à la cour.