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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Constant, de Canova, de La Harpe, de madame de Genlis, de Lucien Bonaparte, de Moreau, de Bernadotte, de Murat, sont conservées ; des récits de Benjamin Constant le montrent sous un jour nouveau. J’ai introduit le lecteur dans un petit canton détourné de l’empire, tandis que cet empire accomplissait son mouvement universel ; je me trouve maintenant conduit à mon ambassade de Rome. On aura été délassé de moi par la distraction d’un sujet étranger : c’est tout profit pour le lecteur.

Pour ce livre de mon ambassade de Rome, les matériaux ont abondé ; ils sont de trois sortes :

Les premiers contiennent l’histoire de mes sentiments intimes et de ma vie privée racontée dans les lettres adressées à madame Récamier.

Les seconds exposent ma vie publique ; ce sont mes dépêches.

Les troisièmes sont un mélange de détails historiques sur les papes, sur l’ancienne société de Rome, sur les changements arrivés de siècles en siècles dans cette société, etc.

Parmi ces investigations se trouvent des pensées et des descriptions, fruit de mes promenades. Tout cela a été écrit dans l’espace de sept mois, temps de la durée de mon ambassade, au milieu des fêtes ou des occupations sérieuses[1]. Néanmoins, ma santé était altérée : je ne pouvais lever les yeux sans éprouver des éblouissements ; pour admirer le ciel, j’étais obligé de le placer autour de moi, en montant au haut d’un

  1. En relisant ces manuscrits, j’ai seulement ajouté quelques passages d’ouvrages publiés postérieurement à la date de mon ambassade à Rome. Ch.