Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t5.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

ment à Rome. Nous nous serions assis sur des ruines : là vous m’auriez enseigné l’histoire ; vieux disciple, j’aurais écouté mon jeune maître avec le seul regret de n’avoir plus devant moi assez d’années pour profiter de ses leçons :

Tel est le sort de l’homme : il s’instruit avec l’âge.
Mais que sert d’être sage,
Quand le terme est si près ?

« Ces vers sont d’une ode inédite faite par un homme qui n’est plus, par mon bon et ancien ami Fontanes. Ainsi, monsieur, tout m’avertit, parmi les débris de Rome, de ce que j’ai perdu, du peu de temps qui me reste, et de la brièveté de ces espérances qui me semblaient si longues autrefois : spem longam.

« Croyez, monsieur, que personne ne vous admire et ne vous est plus dévoué que votre serviteur. »

DÉPÊCHE À M. LE COMTE DE LA FERRONNAYS
« Rome, ce 12 janvier 1829.
« Monsieur le comte,

« J’ai vu le pape le 2 de ce mois ; il a bien voulu me retenir tête à tête pendant une heure et demie. Je dois vous rendre compte de la conversation que j’ai eue avec sa Sainteté.

« Il a d’abord été question de la France. Le pape a commencé par l’éloge le plus sincère du roi. « Dans aucun temps, m’a-t-il, la famille royale de France n’a offert un ensemble aussi complet de qualités et