vallées, sont à Naples autant de séductions pour les sens, que tout repose et que rien ne blesse…
« Pour éviter les ardeurs du Midi, nous nous retirions dans la partie du palais bâtie sous la mer. Couchés sur des lits d’ivoire, nous entendions murmurer les vagues au-dessus de nos têtes ; si quelque orage nous surprenait au fond de ces retraites, les esclaves allumaient des lampes pleines du nard le plus précieux de l’Arabie. Alors entraient de jeunes Napolitaines qui portaient des roses de Pæstum dans des vases de Nola ; tandis que les flots mugissaient au dehors, elles chantaient en formant devant nous des danses tranquilles qui me rappelaient les mœurs de la Grèce : ainsi se réalisaient pour nous les fictions des poètes ; on eût cru voir les jeux des Néréides dans la grotte de Neptune[1] »
Madame Récamier rencontra à Naples le comte de Neipperg[2] et le duc de Rohan-Chabot[3] : l’un devait
- ↑ Les Martyrs, livre V
- ↑ Adam-Albert, comte de Neipperg (1775-1829), général autrichien. Il avait déjà été employé par M. de Metternich dans plusieurs missions délicates, lorsqu’au mois de juillet 1814 il fut désigné par l’empereur François II pour être attaché à l’ex-impératrice Marie-Louise. Il ne tarda pas à conquérir les bonnes grâces de cette princesse, qui s’éprit de lui, bien qu’une blessure reçue à la guerre l’eût privé d’un œil et l’obligeât à porter un bandeau noir qui coupait son front en deux. Au mois d’avril 1816, elle prit possession du duché de Parme, et M. de Neipperg devint le grand-maître de son palais, en attendant de devenir son mari. Elle l’épousa morganatiquement et en eut plusieurs enfants. L’Almanach de Gotha relate officiellement le mariage du général comte de Neipperg avec « Marie-Louise, duchesse de Parme, Plaisance et Guastalla, veuve de Napoléon Ier, empereur des Français, née archiduchesse d’Autriche ».
- ↑ Louis-François-Auguste, prince de Léon, duc de Rohan-Chabot (1788-1833). Après avoir été sous l’Empire chambellan