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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

ni moi ne supporterons sûrement cet état de choses ; c’est pour m’unir à vous, c’est pour recevoir de vous une approbation qui m’encourage, c’est pour vous offrir comme soldat mon cœur et mes armes, que je vous écris.

« C’est dans ces sentiments d’admiration pour vous et d’un véritable dévouement que je vous implore avec tendresse et aussi avec respect.

« Comte de Montlosier. »

Randanne, 28 novembre 1825.

Paris, ce 3 décembre 1825.

« Votre lettre, mon cher et vieil ami, est très sérieuse, et pourtant elle m’a fait rire pour ce qui me regarde. Alcibiade, Annibal, Achille ! Ce n’est pas sérieusement que vous me dites tout cela. Quant à la petite fille du fils de Pélée, si c’est mon portefeuille dont il s’agit, je vous proteste que je n’ai pas aimé l’infidèle trois jours, et que je ne l’ai pas regrettée un quart d’heure. Mon ressentiment, c’est une autre affaire. M. de Villèle, que j’aimais sincèrement, cordialement, a non seulement manqué aux devoirs de l’amitié, aux marques publiques d’attachement que je lui ai données, aux sacrifices que j’avais faits pour lui, mais encore aux plus simples procédés.

« Le roi n’avait plus besoin de mes services, rien de plus naturel que de m’éloigner de ses conseils ; mais la manière est tout pour un galant homme, et comme je n’avais pas volé la montre du roi sur sa