le parti ministériel n’avait pas été sincère ; des défiances et des préjugés restaient ; on ne faisait pas ce qu’on m’avait promis : on commençait à m’attaquer. L’entrée au conseil de MM. de Villèle et Corbière avait excité la jalousie de l’extrême droite ; elle ne marchait plus sous la bannière du premier, et celui-ci, dont l’ambition était impatiente, commençait à se fatiguer. Nous échangeâmes quelques lettres. M. de Villèle regrettait d’être entré au conseil : il se trompait ; la preuve que j’avais vu juste, c’est qu’un an ne s’était pas écoulé qu’il devint ministre des finances, et que M. de Corbière eut l’intérieur[1]’.
Je m’expliquai aussi avec M. le baron Pasquier ; je lui mandais, le 10 février 1821 :
« J’apprends de Paris, monsieur le baron, par le courrier arrivé ce matin 9 février, qu’on a trouvé mauvais que j’eusse écrit de Mayence au prince de Hardenberg, ou même que je lui eusse envoyé un courrier. Je n’ai point écrit à M. de Hardenberg et encore moins lui ai-je envoyé un courrier. Je désire, monsieur le baron, que l’on m’évite des tracasseries. Quand mes services ne seront plus agréables, on ne peut me faire un plus grand plaisir que de me le dire tout rondement. Je n’ai ni sollicité ni désiré la mission dont on m’a chargé ; ce n’est ni par goût ni par choix que j’ai accepté un honorable exil, mais pour le bien de la paix. Si les royalistes se sont ralliés au ministère, le ministère n’ignore pas que j’ai eu le bonheur de contribuer à
- ↑ Le 14 décembre 1822, MM. de Villèle et Corbière étaient devenus, le premier, ministre des finances, et le second, ministre de l’intèrieur.