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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

elle a été faite, à n’en pas douter, sur des notes de lui. M. Damaze n’est pas seulement en mesure de citer le livre de l’Essai, devenu pourtant comme introuvable ; il cite aussi des morceaux du discours non prononcé à l’Académie et resté manuscrit. Il y a de plus, dans sa Réponse, des traits qui, par la vigueur et l’éclat, rappellent la touche du Maître. Exemple :


Comme il rapporte à la mort de sa mère son retour aux idées religieuses, on a remué la tombe de Mme de Chateaubriand, et l’on a prétendu qu’elle était morte avant la publication du livre dont M. de Chateaubriand faisait le sacrifice à ses volontés dernières. Mais il est constant que l’Essai a été public en 1797, et que Mme de Chateaubriand est morte en 1798, comme le prouve surabondamment son extrait mortuaire. Je tiens ce fait, d’ailleurs facile à vérifier, de personnes dont la véracité ne peut être soupçonnée. Quelle imputation que celle qui forcerait un honnête homme à descendre à de pareilles explications et qui obligerait un fils à produire l’acte de décès de sa mère !


Or, ce trait se retrouvera plus tard dans les Mémoires d’Outre-Tombe : « Quelle critique que celle qui force un honnête homme à entrer dans de pareils détails, qui oblige un fils à produire l’extrait mortuaire de sa mère ! »

Damaze de Raymond eut à ce moment son heure de gloire. Il venait d’inscrire son nom au bas de celui de Chateaubriand. Peut-être était-il appelé à conquérir plus tard une renommée durable. Un malheureux événement arrêta soudain les espérances que ses brillants débuts avaient fait concevoir. Le 27 février 1813, il périt en duel à la suite d’une querelle de jeu.