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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

tion libre et fière ; dans une autre partie, parce que l’ouvrage mérite, pour l’ordre, la clarté, la justesse, des éloges presque sans restrictions, et qu’on y trouve, à la fois, plus de simplicité et plus d’éloquence, de belles formes de style, des tableaux de la nature riches de couleurs, des peintures énergiques de nos passions, des descriptions charmantes, des pensées aussi vraies que profondes, des sentiments élevés et des passages admirables. »

L’Académie termina le débat le 13 février 1811. Sa résolution portait « que le Génie du christianisme avait paru à la classe défectueux, quant au fond et au plan ; que, malgré les défauts remarqués dans le plan et aussi dans l’exécution de l’ouvrage, la classe avait reconnu un talent très distingué de style, de nombreux morceaux de détail remarquables par leur mérite, et, dans quelques parties, des beautés du premier ordre ; qu’elle avait trouvé toutefois que l’effet du style et la beauté des détails n’auraient pas suffi pour assurer à l’ouvrage le succès qu’il a obtenu, et que ce succès est dû aussi à l’esprit de parti et à des passions du moment qui s’en sont emparées, soit pour l’exalter à l’excès, soit pour le déprimer avec injustice. » L’Académie concluait que l’ouvrage tel qu’il est lui paraissait mériter une distinction de Sa Majesté.

Cette résolution maintenait, sous une autre forme, pour le Génie du christianisme, l’exclusion du concours. Chateaubriand du reste n’y perdit rien, puisque les fameux Prix décennaux n’ont jamais été distribués. La solennité fut ajournée en 1811, comme elle l’avait été en 1810, et en 1812 il était trop tard. Plus un seul jour maintenant jusqu’à la chute de l’Empire, il n’y aura place pour les fêtes de la paix.