Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t3.djvu/562

Cette page a été validée par deux contributeurs.
548
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

à un certain nombre de places dans la troisième classe de l’Institut ! Du reste, plus de secrétaire perpétuel, plus de discours de réception, plus de recrutement par les membres de la classe même ; les choix étaient faits par l’Institut tout entier. Une vacance se produisait-elle dans la section de Poésie, c’étaient les mathématiciens et les chimistes, les géomètres et les comédiens qui décidaient de l’élection. L’œuvre de destruction était donc complète.

Lorsqu’il rétablit l’ordre en France, Napoléon Bonaparte fit, pour les lettres, les sciences et les arts, ce qu’il avait fait pour la religion, pour la magistrature, l’administration et les finances. Il rendit, le 23 janvier 1803, un arrêté signé de son nom, à l’exclusion de ceux de ses deux collègues[1]. Cet arrêté, sous couleur de réorganiser l’Institut n’allait à rien moins qu’à détruire l’œuvre de la Convention : il mettait à néant le décret du 25 octobre 1795.

L’arrêté du 23 janvier, en effet, supprimait la classe des sciences morales et politiques.

Il rétablissait l’Académie des inscriptions et belles-lettres sous le nom de classe d’histoire et de littérature ancienne.

Il donnait à la classe des sciences mathématiques et physiques l’ancienne forme de l’Académie royale des sciences.

Il faisait, dans une certaine mesure, revivre l’Académie française sous le nom de classe de la langue et de la littérature française.

Il rétablissait les secrétaires perpétuels.

Il rétablissait au profit du chef du gouvernement le droit de confirmer ou non les élections.

Il supprimait les 144 associés pris dans les départements, et les remplaçait par des « correspondants », qui ne porteraient pas le titre de membres ni l’habit de l’Institut.

  1. Arrêté du Gouvernement contenant une nouvelle organisation de l’Institut. 3 pluviôse an XI (23 janvier 1803).