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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

selle de Meulan[1] : elle m’a paru, comme dans ce qu’elle écrit, pleine d’esprit, de goût et de raison. Je crains bien de l’avoir importunée par la longueur de ma visite : j’ai le défaut de rester partout où je trouve des gens aimables, et surtout des caractères élevés et des sentiments généreux.

Je vous renouvelle bien sincèrement, Monsieur, l’assurance de ma haute estime, de ma reconnaissance et de mon dévouement. J’attends avec une vive impatience le moment où je vous recevrai dans mon ermitage, ou celui qui me conduira à votre solitude. Agréez, je vous en prie, Monsieur, mes très humbles salutations et toutes mes civilités.

De Chateaubriand.
Val-de-Loup, prés d’Aunay, par Antony, ce 30 mai 1809.

III

Val-de-Loup, ce 12 juin 1809.

J’ai été absent de ma vallée, Monsieur, pendant quelques jours, et c’est ce qui m’a empêché de répondre plus tôt à votre lettre. Me voilà bien convaincu d’hérésie ; j’avoue que le mot racheté m’est échappé, à la vérité, contre mon intention. Mais enfin il y est ; je vais sur-le-champ l’effacer pour la première édition.

J’ai lu vos deux premiers articles, Monsieur. Je vous en renouvelle mes remercîments : ils sont excellents, et vous me louerez toujours au delà du peu que je vaux.

Ce qu’on a dit, Monsieur, sur l’église du Saint-Sépulcre est très exact. Cette description n’a pu être faite que par quelqu’un qui connaît les lieux. Mais le Saint-Sépulcre lui-même aurait bien pu échapper à l’incendie sans qu’il y ait eu pour cela aucun miracle. Il forme, au milieu de

  1. Mlle Pauline de Meulan, que M. Guizot devait épouser trois ans plus tard, le 7 avril 1812.