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APPENDICE du Tome 3




I

l’article du mercure[1]


L’article du Mercure fut un événement. Il parut le 4 juillet 1807. L’empire était à son apogée. Napoléon venait d’avoir à Tilsit son entrevue avec Alexandre. Si sa gloire n’avait jamais été plus haute, jamais son despotisme n’avait été plus absolu. L’attaquer en face à ce moment, faire entendre, au milieu du silence universel, une voix libre, fière, indépendante, dénoncer les vices du pouvoir absolu, rappeler à la France et à l’Europe ces Bourbons, dont le nom est presque aboli, mais dont le droit et les titres ne se peuvent prescrire, une telle entreprise était, à une telle heure, d’une intrépidité rare, et, seule, elle suffirait à rendre immortel le nom de Chateaubriand.

On a lu, dans le précédent volume, la page superbe, qui ouvre l’article : « C’est en vain que Néron prospère, Tacite est déjà né dans l’empire ; il croît inconnu auprès des cendres de Germanicus, et déjà l’intègre Providence

  1. Voir ci-dessus, p. 3.