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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Gonesse, à Arnouville ; et comme il me supposait puissant, il voulait faire sa paix avec moi. Ce qu’il y avait de mieux en lui, c’était la mort de Louis XVI : le régicide était son innocence. Bavard, ainsi que tous les révolutionnaires, battant l’air de phrases vides, il débitait un ramas de lieux communs farcis de destin, de nécessité, de droit des choses, mêlant à ce non-sens philosophique des non-sens sur le progrès et la marche de la société, d’impudentes maximes au profit du fort contre le faible ; ne se faisant faute d’aveux effrontés sur la justice des succès, le peu de valeur d’une tête qui tombe, l’équité de ce qui prospère, l’iniquité de ce qui souffre, affectant de parler des plus affreux désastres avec légèreté et indifférence, comme un génie au-dessus de ces niaiseries. Il ne lui échappa, à propos de quoi que ce soit, une idée choisie, un aperçu remarquable. Je sortis en haussant les épaules au crime.

M. Fouché ne m’a jamais pardonné ma sécheresse et le peu d’effet qu’il produisit sur moi. Il avait pensé me fasciner en faisant monter et descendre à mes yeux, comme une gloire du Sinaï, le coutelas de l’instrument fatal ; il s’était imaginé que je tiendrais à colosse l’énergumène qui, parlant du sol de Lyon, avait dit : « Ce sol sera bouleversé ; sur les débris de cette ville superbe et rebelle s’élèveront des chaumières éparses que les amis de l’égalité s’empresseront de venir habiter…
Nous aurons le courage énergique de traverser les vastes tombeaux des conspirateurs…
Il faut que leurs cadavres ensanglantés, précipités dans le Rhône, offrent sur les deux rives et à son