Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t3.djvu/496

Cette page a été validée par deux contributeurs.
482
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Europe ; la jeunesse, en 1814, saluait la Restauration, parce qu’elle abattait le despotisme et relevait la liberté. Dans les rangs des volontaires royaux on comptait M. Odilon Barrot, grand nombre d’élèves de l’École de médecine, et l’École de droit tout entière[1] ; celle-ci adressa la pétition suivante, le 13 mars, à la Chambre des députés :


« Messieurs,

« Nous nous offrons au roi et à la patrie ; l’École de droit tout entière demande à marcher. Nous n’abandonnerons ni notre souverain, ni notre constitution. Fidèles à l’honneur français, nous vous demandons des armes. Le sentiment d’amour que nous portons à Louis XVIII vous répond de la

  1. La formation du bataillon des élèves de l’École de droit eut lieu dès le 14 mars 1815 ; l’effectif s’élevait à 1 200 hommes ; le drapeau avait été offert par les dames otages de Marie-Antoinette ; il portait sur la cravate cette devise : Pour le bon droit. Après avoir été exercés à Vincennes, les volontaires, au nombre de sept cents environ, rejoignirent les gardes du corps à Beauvais, le 26 mars, jour de Pâques ; ils passèrent la frontière, et furent cantonnés à Ypres. Louis XVIII les assimila aux officiers de sa maison et fit délivrer des brevets de sous-lieutenants à ceux qui voulurent rester dans l’armée. Le 30 juillet, le bataillon rentrait à Paris, aux applaudissements d’une foule immense venue à sa rencontre. — Retenus en France par leur âge, les professeurs de l’École refusèrent du moins de se rendre auprès de Napoléon, et ce ne fut que sur l’invitation expresse du ministre de l’Intérieur qu’ils envoyèrent une adresse dans laquelle ils se déclaraient reconnaissants de voir l’Empereur renoncer à tout esprit de conquête. — L’École de droit de Paris en 1814, 1815, 1816, d’après des documents inédits, par M. Colmet d’Aage, doyen honoraire. Voir aussi la très curieuse brochure de M. Alexandre Guillemin, avocat à la Cour royale de Paris, le Patriotisme des volontaires royaux de l’École de droit de Paris. 1822.