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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

général Dupont[1] obtint le département de la guerre ; on lui substitua le maréchal Soult[2], qui s’y distingua par l’érection du monument funèbre de Quiberon ; le duc de Blacas fut ministre de la maison du roi, M. Anglès[3] préfet de police, le conseiller Dambray ministre de la justice, l’abbé Louis ministre des finances.

    paroles : « Mon Dieu, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ! » — Il avait écrit de très spirituels Mémoires, qui ont été publiés par son fils.

  1. Pierre-Antoine, comte Dupont de l’Étang (1765-1840). Il avait été l’un des plus brillants généraux de l’Empire, et l’heure semblait proche où il serait élevé au maréchalat, lorsque la capitulation de Baylen (juillet 1808) vint effacer tous ses services et briser son épée. Napoléon l’avait fait traduire devant une commission militaire (février 1812) qui « le destitua de ses grades militaires, lui retira ses décorations, raya son nom du catalogue de la Légion d’honneur, lui défendit à l’avenir de porter l’habit militaire, de prendre le titre de comte, mit sous séquestre ses dotations et ordonna son transfert dans une prison d’État, pour y être détenu jusqu’à nouvel ordre ». — La nomination du général Dupont au ministère de la Guerre est du 9 avril 1814 ; elle n’est donc point imputable à Louis XVIII, qui n’était pas encore rentré, mais à Talleyrand et à ses collègues du gouvernement provisoire. Le général Dupont, député de la Charente de 1815 à 1830, siégea au centre-gauche, parmi les constitutionnels. Outre plusieurs écrits en prose, il a composé une traduction en vers des Odes d’Horace et un poème en dix chants, l’Art de la guerre.
  2. Le maréchal Soult remplaça le général Dupont au Ministère de la Guerre le 3 décembre 1814.
  3. Jules-Jean-Baptiste, comte Anglès (1778-1828). Auditeur, puis maître des requêtes au Conseil d’État, il était entré en 1809 au ministère de la Police, à la 3e division, chargée de la correspondance avec les départements annexés. Il fut un moment ministre de la Police en 1814. Le 22 août 1815, il fut élu à la Chambre des Députés par le département des Hautes-Alpes. En 1818, il redevint préfet de police et conserva ces fonctions jusqu’en 1821. Le comte Anglès était un homme de beaucoup d’esprit, et il n’était pas le dernier à rire des traits malicieux que Béranger lui décochait dans ses chansons.