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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

M. de Talleyrand, installé au ministère des affaires étrangères, partit pour le congrès de Vienne, dont l’ouverture était fixée au 3 de novembre, en exécution de l’article 32 du traité du 30 mai ; M. de Jaucourt eut le portefeuille pendant un intérim qui dura jusqu’à la bataille de Waterloo. L’abbé de Montesquiou devint ministre de l’intérieur, ayant pour secrétaire général M. Guizot ; M. Malouet entra à la marine ; il décéda et fut remplacé par M. Beugnot[1]; le

    nommée par le roi, si elle ne se composait pas exclusivement d’anciens sénateurs, ces derniers y étaient cependant de beaucoup les plus nombreux « Quatorze maréchaux de l’Empire, dit M. Alfred Nettement, représentaient les illustrations militaires de la nouvelle armée, et formaient, avec quatre-vingt-sept membres de l’ancien Sénat impérial, les deux tiers de la nouvelle Chambre des pairs, qui contenait ainsi en tout quatre-vingt-onze anciens sénateurs, car sur les quatorze maréchaux il y en avait quatre revêtus de ce titre. La part faite aux hommes de la Révolution et de l’Empire était donc de cent-un membres sur cent cinquante-quatre… La part faite aux représentants de l’ancienne société française était seulement de cinquante-trois membres, et parmi les pairs de cette catégorie il y en avait plusieurs qui appartenaient aux opinions qui dominaient depuis la Révolution ». (Histoire de la Restauration, par Alfred Nettement, tome I, p. 444.)

  1. Jacques-Claude, comte Beugnot (1761-1835). Ancien membre de la Législative de 1791, où il s’était signalé par son courage et son talent, il avait été successivement sous l’Empire préfet de Rouen, conseiller d’État, ministre des Finances du roi Jérôme et préfet de Lille. Louis XVIII lui confia le portefeuille de la Marine, le 3 décembre 1814. Il suivit le roi à Gand et reçut au retour la direction générale des Postes. Député de 1816 à 1820, pair de France de 1830 à 1835, le comte Beugnot a laissé la réputation d’un des hommes les plus spirituels de son temps. Une de ses plus fines plaisanteries est celle qu’il laissa échapper dans une séance des comités secrets de la Chambre de 1815. Un membre ayant demandé que la figure du Christ sur la croix fût placée au-dessus de la tête du président : « Je demande en outre, ajouta le comte Beugnot, qu’on inscrive au-dessous ses dernières