raient des plénipotentiaires à Vienne pour régler dans un congrès général les arrangements définitifs.
Le 4 juin, Louis XVIII parut en séance royale dans une assemblée collective du Corps législatif et d’une fraction du Sénat. Il prononça un noble discours ; vieux, passés, usés, ces fastidieux détails ne servent plus que de fil historique.
La charte, pour la plus grande partie de la nation, avait l’inconvénient d’être octroyée : c’était remuer, par ce mot très inutile, la question brûlante de la souveraineté royale ou populaire. Louis XVIII aussi datait son bienfait de l’an dix-neuvième de son règne, regardant Bonaparte comme non avenu, de même que Charles II avait sauté à pieds joints par-dessus Cromwel : c’était une espèce d’insulte aux souverains qui avaient tous reconnu Napoléon, et qui dans ce moment même se trouvaient dans Paris. Ce langage suranné et ces prétentions des anciennes monarchies n’ajoutaient rien à la légitimité du droit et n’étaient que de puérils anachronismes[1]. À cela près, la charte remplaçant le
- ↑ Malgré ce que dit ici Chateaubriand, il n’est que juste de reconnaître que Louis XVIII avait fait preuve d’une dignité vraiment royale en ne consentant pas à tenir la couronne des mains des sénateurs, et en proclamant qu’il la tenait de son droit. Il y avait dans cette attitude, il le faut bien dire, autant de vérité que de noblesse. Le comte de Lille, l’exilé d’Hartwell, n’avait d’autre titre, en effet, pour occuper le trône, que d’être le descendant de Louis XIV, le frère de Louis XVI, le successeur de Louis XVII. — On reproche à Louis XVIII d’avoir daté le commencement de son règne, en 1814, comme s’il eût vraiment été roi depuis la mort de Louis XVII, et on ne reproche pas à Napoléon, revenant de l’île d’Elbe, d’avoir voulu biffer de l’histoire tout ce qui s’était fait en son absence. Lui qui avait, le 11 avril 1814, renoncé solennellement au trône pour lui et ses héritiers, il déclare, dans sa proclamation du 1er mars 1815, que