rappellerai plus que deux, à cause de l’opinion des deux hommes : Béranger, ce constant et admirable admirateur de Bonaparte, ne croit-il pas devoir s’excuser lui-même, témoin ces paroles : « Mon admiration enthousiaste et constante pour le génie de l’empereur, cette idolâtrie, ne m’aveuglèrent jamais sur le despotisme toujours croissant de l’empire. » Paul-Louis Courier, parlant de l’avènement de Napoléon au trône, dit : « Que signifie, dis-moi… un homme comme lui, Bonaparte, soldat, chef d’armée, le premier capitaine du monde, vouloir qu’on l’appelle majesté ! être Bonaparte et se faire sire ! Il aspire à descendre : mais non, il croit monter en s’égalant aux rois. Il aime mieux un titre qu’un nom. Pauvre homme, ses idées sont au-dessous de sa fortune. Ce César l’entendait bien mieux, et aussi c’était un autre homme : il ne prit point de titres usés ; mais il fit de son nom un titre supérieur à celui des rois[1]. » Les talents vivants ont pris la route de la même indépendance, M. de Lamartine à la tribune[2],
- ↑ Lettre à M. N…, datée de Plaisance, mai 1804. (Œuvres de Paul-Louis Courier, t. III, p. 51.)
- ↑ Dans son admirable discours du 26 mai 1840, sur la translation des restes mortels de Napoléon, il fit entendre ces prophétiques paroles : « Quoique admirateur de ce grand homme, je n’ai pas un enthousiasme sans souvenir et sans prévoyance. Je ne me prosterne pas devant cette mémoire ; je ne suis pas de cette religion napoléonienne, de ce culte de la force que l’on veut depuis quelque temps substituer dans l’esprit de la nation à la religion sérieuse de la liberté. Je ne crois pas qu’il soit bon de déifier ainsi sans cesse la guerre, de surexciter ces bouillonnements déjà trop impétueux du sang français, qu’on nous représente comme impatient de couler après une trêve de vingt-cinq ans, comme si la paix, qui est le bonheur et la gloire du monde, pouvait être la honte des nations. J’ai bien vu un philo-