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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

jeune homme resplendissant et debout ; il n’est pas moins beau lorsqu’il tombe au premier rang. »

Les nouveaux Arminius, nourris à l’école de la Grèce, avaient un bardit général : quand ces étudiants abandonnèrent la paisible retraite de la science pour les champs de bataille, les joies silencieuses de l’étude pour les périls bruyants de la guerre, Homère et les Niebelungen pour l’épée, qu’opposèrent-ils à notre hymne de sang, à notre cantique révolutionnaire ? Ces strophes pleines de l’affection religieuse, et de la sincérité de la nature humaine :

« Quelle est la patrie de l’Allemand ? Nommez-moi cette grande patrie ! Aussi loin que résonne la langue allemande, aussi loin que des chants allemands se font entendre pour louer Dieu, là doit être la patrie de l’Allemand.

« La patrie de l’Allemand est le pays où le serrement de mains suffit pour tout serment, où la bonne foi pure brille dans tous les regards, où l’affection siège brûlante dans tous les cœurs.

« Ô Dieu du ciel, abaisse tes regards sur nous et donne-nous cet esprit si pur, si vraiment allemand, pour que nous puissions vivre fidèles et bons. Là est la patrie de l’Allemand, tout ce pays est sa patrie[1]. »

Ces camarades de collège, maintenant compagnons

  1. Ces strophes sont tirées d’une des plus belles pièces d’Ernest-Maurice Arndt, la Patrie de l’Allemand. Comme à Théodore Kœrner, le patriotisme a dicté à Maurice Arndt, dans ses Chants de guerre (1813-1815), d’admirables inspirations. Seulement, tandis que Kœrner mourait à vingt-deux ans, Arndt devait mourir presque centenaire., Né le 26 décembre 1769, il est mort le 29 janvier 1869.