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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Berlin par Bernadotte[1], Napoléon revint sur Dresde. Alors le Landsturm[2] se lève ; une guerre nationale, semblable à celle qui a délivré l’Espagne, s’organise.


On a appelé les combats de 1813 la campagne de Saxe : ils seraient mieux nommés la campagne de la jeune Allemagne ou des poètes. À quel désespoir Bonaparte ne nous avait-il pas réduits par son oppression, puisqu’en voyant couler notre sang, nous ne pouvons nous défendre d’un mouvement d’intérêt pour cette généreuse jeunesse saisissant l’épée au nom de l’indépendance ? Chacun de ces combats était une protestation pour les droits des peuples.

Dans une de ses proclamations, datée de Kalisch le 25 mars 1813, Alexandre appelait aux armes les populations de l’Allemagne, leur promettant, au nom de ses frères les rois, des institutions libres. Ce signal fit éclater la Burschenschaft[3], déjà secrètement formée. Les universités d’Allemagne s’ouvrirent ; elles mirent

    les brillantes victoires de Lutzen et de Bautzen la campagne de Saxe se terminait par un désastre qui ne se devait pas réparer et qu’allait bientôt suivre le désastre, plus grand encore, de Leipsick.

  1. Le 6 septembre 1813, Ney est battu par le prince de Suède, Bernadotte, et par le général prussien Bulow, à Dennewitz, près de Berlin. Il perd, avec les deux tiers de son artillerie, ses munitions, ses bagages, et plus de 10 000 hommes.
  2. De land, terre, et sturm, tocsin ; — nom donné en Allemagne et en Suisse à une levée en masse de tous les hommes en état de porter les armes, et qui a lieu lorsque la patrie est en danger.
  3. De bursch, camarade, et shaft, confrérie ; — nom donné à une association formée en 1815 par les étudiants des universités allemandes qui, deux ans auparavant, avaient quitté leurs études pour prendre part à la guerre de la délivrance.