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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

14. Presque sans cavalerie, sans artillerie, sans transports, nous ne pouvions nous éclairer à un quart de lieue…

« Les hommes que la nature n’a pas trempés assez fortement pour être au-dessus de toutes les chances du sort et de la fortune parurent ébranlés, perdirent leur gaieté, leur bonne humeur, et ne rêvèrent que malheurs et catastrophes ; ceux qu’elle a créés supérieurs à tout conservèrent leur gaieté, leurs manières ordinaires, et virent une nouvelle gloire dans des difficultés différentes à surmonter.

« Dans tous ces mouvements, l’empereur a toujours marché au milieu de sa garde, la cavalerie commandée par le maréchal duc d’Istrie, et l’infanterie commandée par le duc de Dantzick. Sa Majesté a été satisfaite du bon esprit que sa garde a montré ; elle a toujours été prête à se porter partout où les circonstances l’auraient exigé ; mais les circonstances ont toujours été telles que sa simple présence a suffi, et qu’elle n’a pas été dans le cas de donner.

« Le prince de Neuchâtel, le grand maréchal[1], le grand écuyer[2] et tous les aides de camp et les officiers militaires de la maison de l’empereur, ont toujours accompagné Sa Majesté.

« Notre cavalerie était tellement démontée, que l’on a dû réunir les officiers auxquels il restait un cheval pour en former quatre compagnies de cent cinquante hommes chacune. Les généraux y faisaient les fonctions de capitaines, et les colonels celles de sous-officiers. Cet escadron sacré, commandé par

  1. Duroc, grand maréchal du palais.
  2. Caulaincourt.