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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

« À six heures et demie, le général Compans est blessé. À sept heures, le prince d’Eckmühl a son cheval tué.

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« À sept heures, le maréchal duc d’Elchingen se remet en mouvement et, sous la protection de soixante pièces de canon que le général Foucher avait placées la veille contre le centre de l’ennemi, se porte sur le centre. Mille pièces de canon vomissent de part et d’autre la mort.

« À huit heures, les positions de l’ennemi sont enlevées, ses redoutes prises, et notre artillerie couronne ses mamelons.

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« Il restait à l’ennemi ses redoutes de droite ; le général comte Morand y marche et les enlève ; mais à neuf heures du matin, attaqué de tous côtés, il ne peut s’y maintenir. L’ennemi, encouragé par ce succès, fit avancer sa réserve et ses dernières troupes pour tenter encore la fortune. La garde impériale russe en fait partie. Il attaque notre centre sur lequel avait pivoté notre droite. On craint pendant un moment qu’il n’enlève le village brûlé ; la division Friant s’y porte : quatre-vingts pièces de canon françaises arrêtent d’abord et écrasent ensuite les colonnes ennemies qui se tiennent pendant deux heures serrées sous la mitraille, n’osant pas avancer, ne voulant pas reculer, et renonçant à l’espoir de la victoire. Le roi de Naples décide leur incertitude ; il fait charger le quatrième corps de cavalerie qui pénètre dans les brèches que la mitraille de nos canons a faites dans les masses serrées des Russes et les escadrons de leurs cuirassiers ; ils se