nais : preuve surabondante du dégoût de Napoléon pour ses braves suppliants.
Bonaparte s’enquit devant Balachof du nombre des églises de Moscou ; sur la réponse, il s’écrie : « Comment, tant d’églises à une époque où l’on n’est plus chrétien ? — Pardon, sire, reprit le Moscovite, les Russes et les Espagnols le sont encore. »
Balachof renvoyé avec des propositions inadmissibles, la dernière lueur de paix s’évanouit. Les bulletins disaient : « Le voilà donc, cet empire de Russie, de loin si redoutable ! c’est un désert. Il faut plus de temps à Alexandre pour rassembler ses recrues qu’à Napoléon pour arriver à Moscou. »
Bonaparte, parvenu à Witepsk[1], eut un moment l’idée de s’y arrêter. Rentrant à son quartier général, après avoir vu Barclay se retirer encore, il jeta son épée sur des cartes et s’écria : « Je m’arrête ici ! ma campagne de 1812 est finie : celle de 1813 fera le reste. » Heureux s’il eût tenu à cette résolution que tous ses généraux lui conseillaient ! Il s’était flatté de recevoir de nouvelles propositions de paix : ne voyant rien venir, il s’ennuya ; il n’était qu’à vingt journées de Moscou. « Moscou la ville sainte ! » répétait-il. Son regard devenait étincelant, son air farouche : l’ordre de partir est donné. On lui fait des observations ; il les dédaigne ; Daru, interrogé, lui répond : « qu’il ne conçoit ni le but ni la nécessité d’une pareille guerre ». L’empereur réplique : « Me prend-on pour un insensé ? Pense-t-on que je fais la guerre par goût ? » Ne lui avait-on pas entendu dire à lui, empereur, « que la
- ↑ Le 28 juillet 1812.