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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

pas en éloges de son pouvoir ? ne prêchaient-ils pas assez l’obéissance ? Les faibles États-Romains, diminués d’une moitié, lui faisaient-ils obstacle ? n’en disposait-il pas à sa volonté ? Rome même n’avait-elle pas été dépouillée de ses chefs-d’œuvre et de ses trésors ? il ne lui restait que ses ruines.

Était-ce la puissance morale et religieuse du saint-siège dont Napoléon avait peur ? Mais, en persécutant

    « Suite du 4e commandement (Tes père et mère honoreras, etc.).

    « Demande. Quels sont les devoirs des chrétiens à l’égard des princes qui les gouvernent, et quels sont en particulier nos devoirs envers Napoléon Ier, notre Empereur ?

    « Réponse. Les chrétiens doivent aux princes qui les gouvernent, et nous devons en particulier à Napoléon Ier, notre Empereur, l’amour, le respect, l’obéissance, la fidélité, le service militaire, les tributs ordonnés pour la conservation et la défense de son Empire et de son trône ; nous lui devons encore des prières ferventes pour son salut et pour la prospérité spirituelle et temporelle de l’État.

    « Demande. Pourquoi sommes-nous tenus de tous ces devoirs envers notre Empereur ?

    « Réponse. C’est premièrement parce que Dieu, qui crée les empires et les distribue selon sa volonté, en comblant notre Empereur de dons, soit dans la paix, soit dans la guerre, l’a établi notre souverain, l’a rendu le ministre de sa puissance et son image sur la terre. Secondement, parce que Notre-Seigneur Jésus-Christ, tant par sa doctrine que par ses exemples, nous a enseigné lui-même ce que nous devons à notre souverain : il est né en obéissant à l’édit de César-Auguste ; il a payé l’impôt prescrit, et de même qu’il a ordonné de rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu, il a aussi ordonné de rendre à César ce qui appartient à César.

    « Demande. Que doit-on penser de ceux qui manqueraient à leur devoir envers notre Empereur ?

    « Réponse. Selon l’apôtre Saint-Paul, ils résisteraient à l’ordre établi de Dieu même, et se rendraient dignes de la damnation éternelle. » (Catéchisme à l’usage de toutes les églises de l’Empire français, p. 55 et 56. Paris, Mame frères, 1811.)