s’être joué d’Alexandre et l’avoir enivré d’éloges. Un général écrivait : « Nous venons de faire avaler un verre d’opium au czar, et, pendant qu’il dormira, nous irons nous occuper d’ailleurs. »
Un hangar avait été transformé en salle de spectacle ; deux fauteuils à bras étaient placés devant l’orchestre pour les deux potentats ; à gauche et à droite, des chaises garnies pour les monarques ; derrière étaient des banquettes pour les princes : Talma, roi de la scène, joua devant un parterre de rois. À ce vers :
L’amitié d’un grand homme est un bienfait des dieux,
Alexandre serra la main de son grand ami, s’inclina et dit : « Je ne l’ai jamais mieux senti. »
Aux yeux de Bonaparte, Alexandre était alors un niais ; il en faisait des risées ; il l’admira quand il le supposa fourbe : « C’est un Grec du Bas-Empire, disait-il, il faut s’en défier. » À Erfurt, Napoléon affectait la fausseté effrontée d’un soldat vainqueur ; Alexandre dissimulait comme un prince vaincu : la ruse luttait contre le mensonge, la politique de l’Occident et la politique de l’Orient gardaient leurs caractères.
Londres éluda les ouvertures de paix qui lui furent faites, et le cabinet de Vienne se déterminait sournoisement à la guerre. Livré de nouveau à son imagination, Bonaparte, le 26 octobre, fit au Corps législatif cette déclaration : « L’empereur de Russie et moi nous nous sommes vus à Erfurt ; nous sommes d’accord et invariablement unis pour la paix comme pour la guerre. » il ajouta : Lorsque je paraîtrai au delà