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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

nuire au premier consul échoue : il se débarrasse du complot des prévenus du 18 vendémiaire[1], et échappe le 3 nivôse à la machine infernale[2] ; Pitt se retire[3] ; Paul meurt[4] ; Alexandre lui succède ; on n’apercevait

    comme médecin à l’expédition, en a écrit la relation, qui fut publiée, de 1811 à 1816, sous ce titre : Voyage de découverte aux Terres australes. — L’amiral Charles Baudin (1784-1854), le vainqueur de Saint-Jean d’Ulloa (1838), n’avait aucun lien de parenté avec le capitaine Nicolas Baudin.

  1. Le complot du 18 vendémiaire an IX (10 octobre 1800) avait pour objet l’assassinat du Premier Consul à l’Opéra, pendant une représentation extraordinaire à laquelle il devait assister. Il était l’œuvre de quelques jacobins exaltés : le sculpteur Ceracchi, le peintre Topino-Lebrun, un ancien secrétaire de Barère, appelé Demerville, et le corse Aréna, frère d’un ancien député aux Cinq-Cents. Tous les quatre furent condamnés à mort et exécutés le 31 janvier 1801.
  2. Le 24 décembre 1800 (3 nivôse an IX), comme le Premier Consul, se rendant à l’Opéra, passait dans sa voiture avec Berthier, Lannes et Charles Lebrun, par l’étroite rue Saint-Nicaise, qui, du Carrousel, aboutissait à la rue de Richelieu, un baril de poudre, placé en travers sur une charrette, fit explosion. Sept ou huit personnes furent tuées sur le coup et vingt-cinq furent plus ou moins grièvement blessées ; mais la voiture consulaire ne fut pas atteinte : le feu avait été mis quelques secondes trop tard. Bonaparte parut à l’Opéra, où il fut salué par des transports d’enthousiasme. Le complot, cette fois, était l’œuvre des royalistes. Deux des coupables, Carbon et Saint-Régeant, purent être saisis ; traduits devant le Tribunal criminel du département de la Seine, ils furent guillotinés le 20 avril 1801. Le troisième. Picot de Limoëlan, qui avait été le camarade de collège de Chateaubriand, réussit à s’échapper et à gagner l’Amérique. — Sur Limoëlan, voir la note 2 de la page 110 (Note 50 du Livre II) du tome I des Mémoires.
  3. William Pitt, après avoir occupé le pouvoir sans interruption pendant dix-sept ans, donna sa démission le 5 février 1801. Ce fut son successeur, Henri Addington, vicomte Sidmouth, qui signa la paix d’Amiens. Redevenu chef du cabinet au mois de mai 1804, il mourut le 23 janvier 1806, à l’âge de 47 ans.
  4. L’empereur Paul Ier fut assassiné le 23 mars 1801.