Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t3.djvu/193

Cette page a été validée par deux contributeurs.

(voir Souvorov : variantes orthographiques)

181
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

bloquée par les glaces ; notre cavalerie charge sur des vaisseaux et les prend. Dix-huit mille Russes, auxquels les combats et les fatigues ont réduit l’armée de Suwaroff, ayant passé le Saint-Gothard le 24 septembre, se sont engagés dans la vallée de la Reuss. Masséna sauve la France à la bataille de Zurich[1]. Suwaroff, rentré en Allemagne, accuse les Autrichiens et se retire en Pologne. Telle était la position de la France, lorsque Bonaparte reparaît, renverse le Directoire et établit le Consulat.

Avant de m’engager plus loin, je rappellerai une chose dont on doit déjà être convaincu : je ne m’occupe pas d’une vie particulière de Bonaparte ; je trace l’abrégé et le résumé de ses actions ; je peins ses batailles, je ne les décris pas ; on les trouve partout, depuis Pommereul, qui a donné les Campagnes d’Italie[2], jusqu’à nos généraux, critiques et censeurs des combats où ils assistèrent, jusqu’aux tacticiens étrangers, anglais, russes, allemands, italiens, espagnols. Les bulletins publics de Napoléon et ses dépêches secrètes forment le fil très peu sûr de ces narrations. Les travaux du lieutenant général Jomini[3] fournissent

  1. 25 septembre 1799.
  2. Campagnes du général Bonaparte en Italie, pendant les années IV et V de la République française, par un officier général (M. de Pommereul). An VI.
  3. Henri, baron de Jomini, né à Payerne (canton de Vaud) le 6 mars 1779, décédé à Passy le 22 mars 1869. D’abord au service de la France, il passa, en 1813, à celui de la Russie. Ses principaux écrits, également importants au point de vue de l’histoire militaire de son temps et de la science stratégique, sont : le Traité des grandes opérations militaires (1803) ; l’Histoire critique et militaire des guerres de la Révolution, de 1792 à 1801 (1805 : la 3e édition, celle de 1819-1824, n’a pas moins de 15 vol.