qu’il n’y restait pas pierre sur pierre, que Djezzar s’était retiré avec ses gens dans un des forts de la côte, qu’il était grièvement blessé, et que les frégates aux ordres de Napoléon s’étaient emparées de trente bâtiments syriens chargés de troupes.
Sir Sidney Smith[1] et Phélippeaux[2], officier d’artillerie émigré, assistaient Djezzar : l’un avait été prisonnier au Temple, l’autre compagnon d’études de Napoléon.
Autrefois périt devant Saint-Jean-d’Acre la fleur de la chevalerie, sous Philippe-Auguste. Mon compatriote, Guillaume le Breton, chante ainsi en vers latins du XIIe siècle : « Dans tout le royaume à peine trouvait-on un lieu dans lequel quelqu’un n’eût quelque sujet de pleurer, tant était grand le désastre qui précipita nos héros dans la tombe, lorsqu’ils furent frappés
- ↑ Sir W. Sidney Smith (1764-1840). Marin intrépide et audacieux, il avait été pris, le 17 mars 1796, par un bâtiment français à l’embouchure de la Seine. Le Directoire refusa de le comprendre dans un cartel d’échange, sous le prétexte déloyal qu’il n’était pas un prisonnier de guerre, mais un conspirateur qui avait voulu incendier le Havre. Il fut enfermé au Temple : le 21 avril 1798, on le fit évader au moyen d’un faux ordre de translation à Fontainebleau, porté par un faux officier, escorté de faux gendarmes. Ce fut lui qui signa en 1800 avec Kléber la Convention d’El-Arisch. Contre-amiral depuis 1805, il fut fait amiral en 1821.
- ↑ A. le Picard de Phélippeaux (1768-1799). Ancien camarade de Bonaparte à Brienne, et comme lui officier d’artillerie, il émigra en 1791, fit la campagne de 1792 dans l’armée des princes, rentra en France en 1795, pour tenter d’organiser une insurrection royaliste dans les départements du Centre, s’empara de Sancerre, fut pris et enfermé à Bourges, s’échappa, osa venir à Paris, réussit à faire évader du Temple sir Sidney Smith, qu’il suivit à Londres, puis en Syrie. Ce fut lui qui dirigea la défense de Saint-Jean d’Acre. Il mourut de la peste peu de jours après la levée du siège.