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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Corrége, Albane, des Carrache, Raphaël, Léonard de Vinci, etc., etc. »

« Ce monument de l’armée d’Italie, dit l’ordre du jour, sera suspendu aux voûtes de la salle des séances publiques du Directoire, et il attestera les exploits de nos guerriers quand la génération présente aura disparu. »

Après une convention purement militaire, qui stipulait la remise de Mayence aux troupes de la République et la remise de Venise aux troupes autrichiennes, Bonaparte quitta Rastadt et laissa la suite des affaires du congrès aux mains de Treilhard et de Bonnier.

Dans les derniers temps de la campagne d’Italie, Bonaparte eut beaucoup à souffrir de l’envie de divers généraux et du Directoire : deux fois il avait offert sa démission ; les membres du gouvernement la désiraient et n’osaient l’accepter. Les sentiments de Bonaparte ne suivaient pas le penchant du siècle ; il cédait à contre-cœur aux intérêts nés de la Révolution : de là les contradictions de ses actes et de ses idées.

De retour à Paris[1], il descendit dans sa maison, rue Chantereine, qui prit et porte encore le nom de rue de la Victoire[2]. Le conseil des Anciens voulut faire à Napoléon le don de Chambord, ouvrage de François Ier, qui ne rappelle plus que l’exil du dernier fils de saint Louis. Bonaparte fut présenté au Directoire, le 10 décembre 1797, dans la cour du palais du Luxem-

  1. Il arriva à Paris le 5 décembre 1797.
  2. Un arrêté du département de la Seine donne à la rue Chantereine, où demeure Bonaparte, le nom de rue de la Victoire (Moniteur du 20 nivôse an VI, 9 janvier 1798).