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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

République leur fait grâce », et les blessés qui se relevaient furent massacrés. Cette scène était si belle qu’elle s’est reproduite à Lyon après le siège.

Que dis-je ? aux premiers coups du foudroyant orage
Quelque coupable encor peut-être est échappé :
Annonce le pardon et, par l’espoir trompé,
Si quelque malheureux en tremblant se relève,
Que la foudre redouble et que le fer achève.

(L’abbé Delille[1].)

Bonaparte commandait-il en personne l’exécution en sa qualité de chef d’artillerie ? L’humanité ne l’aurait pas arrêté, bien que par goût il ne fût pas cruel.

On trouve ce billet aux commissaires de la Convention : « Citoyens représentants, c’est du champ de gloire, marchant dans le sang des traîtres, que je vous annonce avec joie que vos ordres sont exécutés et que la France est vengée : ni l’âge ni le sexe n’ont été épargnés. Ceux qui n’avaient été que blessés par le canon républicain ont été dépêchés par le glaive de la liberté et par la baïonnette de l’égalité. Salut et admiration.

« Brutus Buonaparte, citoyen sans-culotte. »

Cette lettre a été insérée pour la première fois, je pense, dans la Semaine, gazette publiée par Malte-Brun. La vicomtesse de Fors (pseudonyme) la donne dans ses Mémoires sur la Révolution française ; elle ajoute que ce billet fut écrit sur la caisse d’un tambour ; Fabry le reproduit, article Bonaparte, dans la Biogra-

  1. Malheur et Pitié, par l’abbé Delille, chant III.