terrasse du bord de l’eau. Lorsque le roi, dont la demeure était envahie, parut à l’une des fenêtres, coiffé du bonnet rouge, Bonaparte s’écria avec indignation : « Che c… ! comment a-t-on laissé entrer cette canaille ? il fallait en balayer quatre ou cinq cents avec du canon, et le reste courrait encore. »
Le 20 juin 1792, j’étais bien près de Bonaparte : vous savez que je me promenais à Montmorency, tandis que Barère et Maret cherchaient, comme moi, mais par d’autres raisons, la solitude. Est-ce à cette époque que Bonaparte était obligé de vendre et de négocier de petits assignats appelés Corset[1] ? Après le décès d’un marchand de vin de la rue Sainte-Avoye, dans un inventaire fait par Dumay, notaire, et Chariot, commissaire-priseur, Bonaparte figure à l’appel d’une dette de loyer de quinze francs, qu’il ne put acquitter : cette misère augmente sa grandeur. Napoléon a dit à Saint-Hélène : « Au bruit de l’assaut aux Tuileries, le 10 août, je courus au Carrousel, chez Fauvelet, frère de Bourrienne, qui y tenait un magasin de meubles. » Le frère de Bourrienne avait fait une spéculation qu’il appelait encan national ; Bonaparte y avait déposé sa montre ; exemple dangereux : que de pauvres écoliers se croiront des Napoléons pour avoir mis leur montre en gage !
Bonaparte retourna dans le midi de la France le 2 janvier an ii[2]; il s’y trouvait avant le siège de Tou-