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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

de ma province avait fourni sept compagnies ; on en comptait une huitième de jeunes gens du tiers état : l’uniforme gris de fer de cette dernière compagnie différait de celui des sept autres, couleur bleu de roi avec retroussis à l’hermine. Des hommes attachés à la même cause et exposés aux mêmes dangers perpétuaient leurs inégalités politiques par des signalements odieux : les vrais héros étaient les soldats plébéiens, puisque aucun intérêt personnel ne se mêlait à leur sacrifice.

Dénombrement de notre petite armée :

Infanterie de soldats nobles et d’officiers ; quatre compagnies de déserteurs, habillés des différents uniformes des régiments dont ils provenaient ; une compagnie d’artillerie ; quelques officiers du génie, avec quelques canons, obusiers et mortiers de divers calibres (l’artillerie et le génie, qui embrassèrent presque en entier la cause de la Révolution, en firent le succès au dehors). Une très-belle cavalerie de carabiniers allemands, de mousquetaires sous les ordres du vieux comte de Montmorin, d’officiers de la marine de Brest, de Rochefort et de Toulon, appuyait notre infanterie. L’émigration générale de ces derniers officiers replongea la France maritime dans cette faiblesse dont Louis XVI l’avait retirée. Jamais, depuis Duquesne et Tourville, nos escadres ne s’étaient montrées avec plus

    appartenant à une famille d’une autre origine, les Goyon de l’Abbaye et des Harlières, dont faisait partie le général comte de Goyon, qui a commandé de 1856 à 1862 le corps d’occupation à Rome. — La 7e compagnie bretonne, dans laquelle s’était engagé Chateaubriand, avait pour chef Pierre-Louis-Alexandre de Gouyon de Miniac, né à Plancoët vers 1754, décédé à Rennes le 26 juin 1818.