« Nous levâmes le camp, et nous cheminâmes pendant une heure et demie avec une peine excessive dans une arène blanche et fine. Nous avancions vers un petit bois d’arbres de baume et de tamarins, qu’à mon grand étonnement je voyais s’élever du milieu d’un sol stérile. Tout à coup, les Bethléémites s’arrêtèrent et montrèrent de la main, au fond d’une ravine, quelque chose que je n’avais pas aperçu. Sans pouvoir dire ce que c’était, j’entrevoyais comme une espèce de sable en mouvement sur l’immobilité du sol. Je m’approchai de ce singulier objet, et je vis un fleuve jaune que j’avais peine à distinguer de l’arène de ses deux rives. Il était profondément encaissé, et roulait avec lenteur une onde épaisse : c’était le Jourdain…
« Les Bethléémites se dépouillèrent et se plongèrent dans le Jourdain. Je n’osais les imiter, à cause de la fièvre qui me tourmentait toujours. »
« Nous sommes arrivés au Jourdain à sept heures du matin, par des sables où nos chevaux entraient jusqu’aux genoux, et par des fossés qu’ils avaient peine à remonter. Nous avons parcouru le rivage jusqu’à dix heures, et, pour nous délasser, nous nous sommes baignés très commodément par l’ombre des arbrisseaux qui bordent le fleuve. Il aurait été très facile de passer de l’autre côté à la nage,