Le général Hulin, après avoir parlé de la minute et de la seconde rédaction du jugement, dit : « Quant à la seconde rédaction, la seule vraie, comme elle ne portait pas l’ordre d’exécuter de suite, mais seulement de lire de suite le jugement au condamné, l’exécution de suite ne serait pas le fait de la commission, mais seulement de ceux qui auraient pris sur leur responsabilité propre de brusquer cette fatale exécution.
« Hélas ! nous avions bien d’autres pensées ! À peine le jugement fut-il signé, que je me mis à écrire une lettre dans laquelle, me rendant en cela l’interprète du vœu unanime de la commission, j’écrivais au premier consul pour lui faire part du désir qu’avait témoigné le prince d’avoir une entrevue avec lui, et aussi pour le conjurer de remettre une peine que la rigueur de notre position ne nous avait pas permis d’éluder.
« C’est à cet instant qu’un homme[1], qui s’était constamment tenu dans la salle du conseil, et que je nommerais à l’instant, si je ne réfléchissais que, même en me défendant, il ne me convient pas d’accuser… — Que faites-vous là ? me dit-il en s’approchant de moi. — J’écris au premier consul, lui répondis-je, pour lui exprimer le vœu du conseil et celui du condamné. — Votre affaire est finie, me dit-il en reprenant la plume : maintenant cela me regarde.
« J’avoue que je crus, et plusieurs de mes collègues avec moi, qu’il voulait dire : Cela me regarde d’avertir le premier consul. La réponse, entendue en ce sens,
- ↑ Le général Savary.