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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

homme de talent, d’esprit et de raison ; mademoiselle Honorine Gasc, Malibran future[1]. Celle-ci, en ma qualité nouvelle de serviteur de Clémence Isaure,

    Revue du Midi, dont il était alors le principal rédacteur. Il collaborait également au Journal de Toulouse, et il était depuis 1830 Maître et Mainteneur des Jeux-Floraux. Devenu en 1840, chef du cabinet de M. de Rémusat, ministre de l’Intérieur, il fut quelque peu malmené par Balzac, dans la Revue parisienne du grand romancier. « Légitimiste jusqu’en 1833, écrivait Balzac, M. Guilhaud devint doctrinaire, il vanta M. de Rémusat, soutint sa candidature à Muret et se glissa chez M. Guizot… M. Duchâtel le nomma maître des requêtes ; il convoita dès lors la place de M. Mallac, un de ces jeunes gens capables qui ont assez de cœur pour s’en aller avec leurs protecteurs, là où les Guilhaud restent ; aussi M. Guilhaud est-il aujourd’hui chef du cabinet de M. de Rémusat. Voilà comment tout se rapetisse. M. Léonce de Lavergne, incapable d’écrire dans un journal, et que l’Académie a refusé, quand il se présenta pour être reçu docteur, fait la correspondance politique au moyen de M. Havas. » Après avoir été député de Lombez de 1846 à 1848, M. Léonce de Lavergne fut envoyé par les électeurs de la Creuse à l’Assemblée nationale de 1871. Partisan de la monarchie constitutionnelle et parlementaire, il siégea d’abord au centre droit, puis, en 1874, de concert avec quelques députés flottant entre le centre droit et le centre gauche, il fonda un nouveau groupe de représentants, le « groupe Lavergne », qui ne laissa pas de contribuer par son attitude au vote définitif de la Constitution du 25 février 1875. Le 13 décembre 1875, il fut élu, par l’Assemblée nationale, sénateur inamovible, le 33e sur 75. Il était, depuis 1855, membre de l’Académie des Sciences morales et politiques. Ses principaux ouvrages sont un essai sur l’Économie rurale en Angleterre, en Écosse et en Irlande, l’Économie rurale de la France depuis 1789, et les Assemblées provinciales sous Louis XVI.

  1. « Mademoiselle Honorine Gasc, écrivait, en 1859, le comte de Marcellus, chante toujours admirablement ; mais ce n’est plus à Toulouse : c’est à Bordeaux ou à Paris, sous le nom de Ol de Kop, qu’elle partage avec le consul de Danemark, son époux ; et ses talents, contre lesquels M. de Chateaubriand la mettait en garde, ne lui ont point, que je sache, « porté malheur ». (Chateaubriand et son temps, p. 143.)