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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

garenne. On voit dans les anciennes familles nobles une quantité de cadets ; on les suit pendant deux ou trois générations, puis ils disparaissent, redescendus peu à peu à la charrue ou absorbés par les classes ouvrières, sans qu’on sache ce qu’ils sont devenus.

Le chef de nom et d’armes de ma famille était, vers le commencement du dix-huitième siècle, Alexis de Chateaubriand, seigneur de la Guerrande, fils de Michel, lequel Michel avait un frère, Amaury. Michel était fils de ce Christrophe maintenu dans son extraction des sires de Beaufort et des barons de Chateaubriand par l’arrêt ci-dessus rapporté. Alexis de la Guerrande était veuf ; ivrogne décidé, il passait ses jours à boire, vivait dans le désordre avec ses servantes, et mettait les plus beaux titres de sa maison à couvrir des pots de beurre.

En même temps que ce chef de nom et d’armes, existait son cousin François, fils d’Amaury, puîné de Michel. François, né le 19 février 1683, possédait les petites seigneuries des Touches et de La Villeneuve. Il avait épousé, le 27 août 1713, Pétronille-Claude Lamour, dame de Lanjégu[1], dont il eut quatre fils : François-Henri, René (mon père), Pierre, seigneur du Plessis, et Joseph, seigneur du Parc. Mon grand-père, François, mourut le 28 mars 1729 ; ma grand’mère, je l’ai connue dans mon enfance, avait encore

  1. Grand’mère paternelle de Chateaubriand. Les actes de l’état civil où elle figure lui donnent tous pour premier prénom, au lieu de Pétronille, celui de Perronnelle. Ce dernier nom était très fréquent en Bretagne : on le traduisait en latin par Petronilla, d’où il arrivait que, dans les familles, on écrivait indifféremment Pétronille ou Perronnelle. sans y attacher d’importance.