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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

quels plusieurs étaient richement chargés. Cette première opération fut donc pour M. de Chateaubriand un vrai coup de fortune.

Encouragé par ce succès, il n’hésita pas, en 1759, à armer le même navire pour son compte et à son risque exclusif. Commandée, comme la première fois, par M. du Plessis, cette seconde expédition, aussi heureuse que la précédente, fut plus fructueuse encore.

En janvier 1760, la guerre durant toujours, René de Chateaubriand arma trois corsaires : le Vautour, l’Amaranthe et la Villegenie, ce dernier toujours commandé par son frère. Après avoir pris aux Anglais quelques navires marchands, la Villegenie fut capturée par le vaisseau de guerre l’Antilope ; mais au tour que venaient de lui jouer les Anglais, M. de Chateaubriand répondit en vrai Malouin : il arma deux nouveaux corsaires, le Jean-Baptiste — qui portait le nom de son fils aîné — et la Providence.

Le traité de Paris (10 février 1763) ayant mis fin aux hostilités entre la France et l’Angleterre, la paix donna un nouveau développement aux opérations commerciales de M. de Chaleauhriand. Outre le Jean-Baptiste, il arma pour Terre-Neuve le Paquet d’Afrique, l’Apolline (du nom de sa femme) et l’Amaranthe. Ce fut à bord de ce dernier navire que son frère reprit la navigation. En 1764, le Jean-Baptiste partit pour Saint-Domingue, et l’Amaranthe pour les côtes de Guinée, pendant que l’Apolline et le Paquet d’Afrique retournaient à Terre-Neuve. Il continua ses entreprises d’armement jusqu’en 1772 ; à partir de cette époque, il se retira peu à peu des affaires, En 1775, il ne mit plus en mer qu’un seul navire, le Saint-René, qu’il expédia à l’Île de France et à l’Île Bourbon sous le commandement de M. Benoît Giron. Le voyage du Saint-René mit fin à la carrière commerciale de M. de Chateaubriand[1].

  1. Charles Cunat, Recherches sur plusieurs des circonstances relatives aux origines, à la naissance et à l’enfance de M. de Chateaubriand.