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PRÉFACE TESTAMENTAIRE[1]




Sicut nubes… quasi naves… velut umbra.
(Job).

Paris, 1er  décembre 1833.

Comme il m’est impossible de prévoir le moment de ma fin ; comme à mon âge les jours accordés à l’homme ne sont que des jours de grâce, ou plutôt de rigueur, je vais, dans la crainte d’être surpris, m’expliquer sur un travail destiné à tromper pour moi l’ennui de ces heures dernières et délaissées, que personne ne veut, et dont on ne sait que faire.

Les Mémoires à la tête desquels on lira cette préface embrassent et embrasseront le cours entier de ma vie ; ils ont été commencés dès l’année 1811 et continués jusqu’à ce jour. Je raconte dans ce qui est achevé et raconterai dans ce qui n’est encore qu’ébauché mon enfance, mon éducation, ma jeunesse, mon entrée au service, mon arrivée à Paris, ma présentation à Louis XVI, les premières scènes de la Révolution, mes voyages en Amérique, mon retour en Europe, mon émigration en Allemagne et en Angleterre, ma rentrée en France sous le consulat, mes occupations

  1. Cette Préface manque dans toutes les éditions précédentes.