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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

divisions établies par l’auteur — n’a pas seulement pour effet, comme on serait peut-être tenté de le croire, de ménager de distance en distance des suspensions, des repos pour le lecteur. Elle donne au livre une physionomie toute nouvelle.

Les Mémoires, ainsi rendus à leur premier et véritable état, se divisent en quatre parties.

La première (1768-1800) va de la naissance de Chateaubriand à son retour de l’émigration et à sa rentrée en France. Elle renferme neuf livres.

La seconde partie, qui forme cinq livres, et va de 1800 à 1814, est consacrée à sa carrière littéraire.

À sa carrière politique (1814-1830) est réservée la troisième partie. Elle ne comprend pas moins de quinze livres.

Les années qui suivent la révolution de 1830 et la conclusion des Mémoires occupent neuf livres : c’est la quatrième partie.

Et déjà, par ce seul énoncé, ne voit-on pas combien est peu justifiée la principale critique mise en avant par les adversaires des Mémoires, et à laquelle les amis mêmes de Chateaubriand se croyaient obligés de souscrire, M. de Marcellus, par exemple, son ancien secrétaire à l’ambassade de Londres, qui, dans la préface de son intéressant volume sur Chateaubriand et son temps, signale le « décousu » du livre de son maître, et ajoute, non sans tristesse : « Ce dernier de ses ouvrages n’a point subi les combinaisons d’une composition uniforme. Revu sans cesse, il n’a jamais été pour ainsi dire coordonné. C’est une série de fragments sans plan, presque sans symétrie, tracés de verve, suivant le caprice du jour[1]. » C’est justement le contraire qui est vrai.

Ce n’est pas tout. Lors des lectures de l’Abbaye-au-Bois,

  1. Chateaubriand et son temps, par le comte de Marcellus, ancien ministre plénipotentiaire, 1 vol. in-8o, 1859. — Préface, page 19.