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XXIII
INTRODUCTION

été dans sa carrière, il l’a été en poète… La plus parfaite de ses compositions, c’est sa vie ; il n’est pas poète seulement, il est un poème entier ; la biographie de son âme formerait une épopée[1]. »

Chateaubriand pensait sans doute sur ce point comme son critique, puisque aussi bien il ne péchait point par excès de modestie, ainsi qu’on le lui a si souvent et si durement reproché. Du moment qu’à ses yeux sa Biographie, ses Mémoires, devaient former une épopée, un poème entier, il a dû d’abord, en raison de leur étendue, les diviser en plusieurs parties et diviser ensuite chacune de ces parties elles-mêmes en plusieurs livres. Il a dû le faire et il l’a fait. Nul doute possible à cet égard.

Dans la Préface testamentaire, écrite le 1er décembre 1833 et publiée en 1834[2], il dit expressément : « Les Mémoires sont divisés en parties et en livres. »

L’ouvrage comprenait alors trois parties. C’est encore ce que constate la Préface de 1833 : « Quand la mort baissera la toile entre moi et le monde, on trouvera que mon drame se divise en trois actes. Depuis ma première jeunesse jusqu’en 1800, j’ai été soldat et voyageur ; depuis 1800 jusqu’en 1814, sous le Consulat et l’Empire, ma vie a été littéraire ; depuis la Restauration jusqu’aujourd’hui, ma vie a été politique. »

La révolution de Juillet inaugurait une nouvelle phase dans la vie de Chateaubriand. Elle donnait forcément ouverture, dans ses Mémoires, à une nouvelle partie, qui serait la quatrième. Ici encore son témoignage ne nous fait pas défaut. Au mois d’août 1830, sous la dictée même des événements, il a retracé la chute de la vieille monarchie, l’avènement de la royauté nouvelle. Lorsqu’il reprend la

  1. A. Vinet, tome I, p. 352.
  2. Dans la Revue des Deux-Mondes, du 15 mars 1834. — Cette préface, très belle, très éloquente, ne figure dans aucune des éditions des Mémoires ; on la trouvera dans l’édition actuelle.