AV. J.-C. 509. = OL. 67. 131
nie. Il étoit encore donné à notre siècle de nous rappeler l'immoralité des goûts de la dixième muse. Je veux croire que ces mœurs ne se ren- controient pas parmi nous dans les rangs élevés , où la calomnie qui s'attache au malheur s'est plû à les peindre. Sapho eut encore une in- fluence plus directe sur son siècle , en inspirant aux Lesbiennes l'amour des lettres 1 . C'est ce qui fit naître les soupçons, que l'ode suivante n'est pas propre à dissiper.
A SON AMIE.
Heureux qui près de toi pour toi seule soupire , Qui jouit du plaisir de t'entendre parler , Qui te voit quelquefois doucement lui sourire ! Les dieux , dans son bonheur, peuvent-ils l'égaler ?
Je sens de veine en veine une subtile flamme Courir partout mon corps, si tôt que je te vois ; Et , dans les doux transports où s'égare mon âme , Je ne saurois trouver de langue, ni de voix.
Un nuage confus se répand sur ma vue ,
Je n'entends plus , je tombe en de douces langueurs;
Et pâle , sans haleine , interdite , éperdue ,
Un frisson me saisit, je tremble , je me meurs 2 .
Opposons à ce fragment de la muse de My- tilène , un passage du seul poëte élégiaque que
1 Suid. , in Sappho.
2 Despr. , traduct. de Longin.
9.
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